Mettre l’IA dans sa poche
L’IA pour les nuls en cinquante notions clés, Thomas Solignac, 2024
La dédicace me promettait une “lecture dépaysante par son peu de fantaisie”… et elle a été dépaysante : l’IA est un nouveau monde que Thomas Solignac balise de définitions claires et précises, sans jargon.
Je l’ai rencontré il y a six ans, alors qu’il développait Golem.ai, un modèle de langage explicable : il discutait volontiers de ses enjeux philosophiques, et avait même eu la gentillesse de le présenter à mes étudiants d’HEC, avec une grande pédagogie. Ce qui m’avait marquée, c’était son aisance face à tous les publics : il parle aussi volontiers à de futurs managers qu’à des startuppers ou des chercheurs. On retrouve sa curiosité et son talent pour lier les sujets dans L’IA en cinquante notions clés. Il n’y a qu’à lire la table des matières : le livre aborde les types d’apprentissage machine, les problématiques juridiques de l’IA, son rôle dans la science-fiction, son impact dans la santé, la querelle du symbolisme et du connexionnisme, il démystifie les systèmes multi-agents et évoque la Singularité.
S’il n’est pas fait pour être lu du début à la fin, c’est un excellent guide dans lequel piocher des éclairages ou des antisèches. Chaque chapitre s’accompagne d’une synthèse “L’essentiel en cinq secondes”, entre le dictionnaire et la fiche mémo. Il ne manque plus que les illustrations et les exemples, si nécessaires pour donner un visage aux concepts arides de l’IA, et dont Thomas n’est pas avare en conférence.
L’intelligence artificielle en cinquante leçons pour les nuls témoigne de son expérience pédagogique : il joue le rôle du support de cours, pour accompagner les conférences ou démonstrations, approfondir un sujet ou rafraîchir ses connaissances sur un point précis de l’IA.
L’IA a tellement de visages, révolutionne la médecine, la finance, les médias, la musique et tant d’autres domaines, optimise la batterie de nos portables et promeut la désinformation, reconnaît des chiots sur des images et prédit la météo, que c’était un défi d’en parler de façon générale et exhaustive, sans être trop abstrait. Le défi est brillamment relevé par des fiches qui varient les angles et les champs d’application.
La fiche sur l’apprentissage par renforcement commence ainsi par une définition, suivie de ses avantages et d’un cas en robotique, puis des limites de la méthode, et enfin de son usage pour entraîner Chat-GPT “from human feedback”. Plus surprenante, la fiche intitulée Innovation de rupture dresse une typologie de l’innovation, fait le lien avec l’IA, et se conclut sur une leçon essentielle en gestion de projet IA : ne pas perdre de vue le Job to be done, autrement dit ne pas mener des projets parce qu’on en a les capacités techniques, s’il n’y a pas d’intérêt stratégique. Les sujets sont variés, les fiches toujours simples et instructives.
En refermant L’intelligence artificielle pour les nuls en cinquante notions clés, je me dis que nous avons enfin le BLED de l’IA : il ne suffira pas à rendre les managers, étudiants et curieux bilingues dans ce monde étrange de l’intelligence artificielle, mais il éclaire, avec clarté et précision, les principales thématiques du domaine. Avec son carnet de notes à la fin, c’est le guide parfait à avoir dans la poche quand on s’aventure dans les terres inconnues de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle pour les nuls en cinquante notions clés, Thomas Solignac, 2024. 312 pages, 9.95€.
