Les Netanyahou, de Joshua Cohen

Juif, sioniste, américain… what else?

Être Juif dans l’Amérique des années 50, oï veï ! A glick hot dir getroffen ! Pour Ruben Blum, ce n’est pas une sinécure. Professeur d’histoire économique, il se trouve malgré lui pris dans les querelles qui ont structuré l’identité juive américaine.

Des parents et beaux-parents ashkénazes, une fille prête à tout pour changer de nez, des crypto-juifs andalous, des exilés, des universitaires, et un étrange candidat au professorat, qui se fait appeler Netanyahou, et agite les passions, d’Israël aux Catskills… Lorsque la voiture de Ben-Zion Netanayahou s’arrête devant la porte du Pr. Blum, c’est tout un tourbillon de personnages hauts en couleur qui en sortent, bien décidés à déranger le confort moral de la petit ville de Corbindale.

Dans la lignée d’Albert Cohen et de Philip Roth, Joshua Cohen sait rendre ses caricatures attachantes, et étrangement piquantes : on sent qu’à tout moment on pourrait s’y reconnaître. Il s’attache aux fissures de la parfaite famille américaine, de l’universitaire modèle, il en suit les zig-zags, du bizarre au fou, du fou à l’hystérique. En contraste, on finit presque par comprendre le bruyant sans-gêne d’un Pr. Netanyahou, qui a moins pour but d’étudier l’Histoire que de l’agiter, de poser les bases du jeune État israélien que de s’y imposer.

Peut-on être juif sans être sioniste ? Accepter le modèle américain, est-ce abandonner son identité juive ? On a envie de répondre, avec la femme du narrateur : “tes Juifs, je m’en fous”, tant ces obsessions deviennent étouffantes, abstraites, et caricaturales. Au moins autant que le Pr Netanyahou et ses fils, dont le cadet deviendra le Benjamin Netanyahou qu’on connaît…

Les Nétanyahou, Joshua Cohen, Grasset, En lettres d’ancre.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe.
352 pages.
Commandes : https://www.grasset.fr/livres/les-netanyahou-9782246827955