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Faladié, un avenir embourbé
Amaury Blin à la galerie Hans Lucas
Il est parti au Mali avec un appareil photo étanche et une idée en tête : montrer ce qu’on ne veut pas voir.
Amaury Blin est photographe à l’agence Hans Lucas. Il est parti à Bamako pour documenter une réalité mal connue, celle du camp de déplacés de Faladié, situé derrière le marché au bétail de la capitale. Là, Peuls, Dogons, Burkinabés, chassés par la guerre au Mali, attendent un avenir incertain dans la boue de la saison des pluies, les immondices animales et les cendres du dernier incendie qui a ravagé le camp.
Pas de passé, pas d’avenir
Sous les pluies incessantes de l’hivernage, c’est un monde suspendu qui se dessine, une étrange attente qui n’espère rien, entre le vide du passé et l’absence du futur. Ce sentiment d’un « avenir embourbé », qui a donné son titre à cette série de vingt-deux photographies, est peint sans cynisme, mais aussi sans naïveté.
S’il est difficile de ne pas se désoler du nombre de mutilés et d’enfants blessés, de l’insalubrité du camp, de la pénurie de médicaments, de l’indigence des aides internationales… on ressent plus fortement encore le fatalisme, la résignation sans amertume des déplacés. Souvent nomades, venus de villages détruits par la guerre, illettrés,les déplacés s’accrochent à la tradition orale, qui impose…