Des Horizons : Damien Cadio aux Beaux-Arts de Nantes
Dates : du 10 novembre 2021 au 17 décembre 2021
Artiste français né en 1975, Damien Cadio commence à étudier la biologie, sans jamais perdre son intérêt pour l’art. Il entame ensuite une carrière artistique internationale, essentiellement à Paris et Berlin, pour enseigner aujourd’hui aux Beaux-Arts de Nantes.
Ses œuvres gardent une forme d’objectivité scientifique : il met en scène, comme sous un microscope, la banalité des choses, par où pénètre l’étrangeté. Ses tableaux silencieux, aux tonalités sourdes, rendent aux objets familiers leur surface et leur pesanteur, tout en suggérant leur inscription dans un destin plus vaste.
La crise, où tout se décide
Ces images poussent les choses, objets et paysages, à leur point de plus haute intensité, où ils deviennent abstractions et symboles. Forêts incendiées, fleurs flétries, pinces de crabe, livre calciné… on aperçoit des scènes du monde d’après — après quoi ?
Ce qui apparaît, en creux, ce sont les stigmates de la crise que Damien Cadio donne à imaginer — la crise, ce moment où tout se décide, entre flamme et fumée. Selon Denilson Lopes Silva, il « relance un passé sans arrêt perdu, un présent couvert de ruines et un futur vidé de tout sens utopique », un acmé de la chose suspendue au moment où se décide son destin.
Une époque moderne
L’artiste joue sur les hiérarchies et les canons de l’histoire de l’art, pour signifier l’embrasement des valeurs : sujets mineurs en formats monumentaux, ambivalence entre nature morte, paysage et tableaux d’Histoire ; fleurs coupées, sur leur tige, qui évoquent des portraits ; cadrages surprenants… Il veut forcer à le spectateur à abandonner ses catégories habituelles, mais surtout représenter par là un mouvement générale de notre époque.
Car, comme toutes les époques modernes, où coexistent et se heurtent traditions et innovations, celle que nous traversons est faite de paradoxes, de frictions créatrices, de remises en cause.
Paul Valéry écrivait, en 1919 : « Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux.» Et sur les tableaux de Damien Cadio.
A retrouver jusqu’au 17 décembre 2021 à la galerie Open School, Beaux-Arts de Nantes.